*** Instants de partage avec les Globicéphales ***
Tout commence à l’aube, nous partons d’Hendaye, cap à Saint-Jean-de-Luz pour embarquer nos passagers. Toute l’équipe est à bord, des premiers instants de navigation, pendant lesquels nous jaugeons la météo. La houle est longue et l’océan se fait d’huile, la moindre bouée se dégage sur l’horizon et l’aurore éclaire la côte basque. La Rhune teintée de rose nous indique le cap à suivre. Les conditions sont idéales pour l’observation et la vue sur les montagnes basques est grandiose. Pendant que l’équipe peaufine les derniers détails de la sortie, Atalaya franchit les passes de la baie. Nos passagers sont au rendez-vous et à peine accosté, tout le monde se retrouve sur le ponton prêt à embarquer.
Un premier contact qui est toujours important pour notre équipe, l’ambiance est donnée, la convivialité au rendez-vous, nous sommes maintenant tous prêt pour voguer vers le large. Et tandis qu’Aurore de l’association Itsas Arima termine ses explications sur le cétacés et le Gouf de Capbreton, il est temps pour notre équipe d’effectuer une première écoute pour sonder l’océan. Mise à part des bruits de houle et les moteurs des bateaux aux alentours, aucune vocalise n’interpelle nos biologistes. C’est plutôt fréquent, généralement nous n’entendons rien à la première écoute…pas de quoi décourager nos observateurs qui continuent leur veille, attentif au moindre signe de vie. En mer, le temps passe vite et il est maintenant l’heure de notre deuxième écoute. L’équipe se prépare, nous ouvrons nos batayoles. Et alors que tout le monde est prêt, en poste, un cri résonne : LA ! Oui mais où, Là ? C’est un réflexe fréquent, en mer lorsque nos passagers repèrent quelque chose, ils crient en montrant du doigt la direction. Mais il faut être plus précis, à quelle distance, dans quelle direction… Nous avons à peine le temps de poser ces questions, qu’une dorsale resurgit à nouveau. Cette fois tout le bateau est en alerte, nous avons tous vu la dorsale. Nous rallumons nos moteurs, cap vers la dorsale. Impossible pour le moment de déterminer l’espèce. La dorsale réapparaît et après une seconde d’hésitation nous en sommes sûr, c’est un marsouin !
Incroyable, il est très rare d’observer des marsouins. Ils sont furtifs et craignent les bateaux. C’est une chance de les observer en mer. Nous coupons nos moteurs et le marsouin réapparaît à plusieurs reprises avant de disparaître sous la surface. La journée commence donc très bien pour nos biologistes et nos passagers qui ont parfaitement conscience de la rareté de cette observation.
Nous reprenons le cap du large. Et alors que nous approchons du Gouf, une nouvelle alerte, dorsale sur tribord, à 100 mètres ! Nous ralentissons au maximum, Atalaya dérive sous son erre. De nouvelles dorsales apparaissent à 200 mètres. Ce sont des grands dauphins. Après quelques respirations, ils plongent…nous le savons quand les grands dauphins n’ont pas envie d’ingteragir, cela ne sert à rien d’insister. C’est donc enthousiaste par ce début de journée mais quand même un peu frustré par la durée de ces observations que nous reprenons le cap du large. Une nouvelle écoute et les sifflements tant attendus par notre équipe illuminent nos visages…les Globis !!! De quoi motiver nos troupes…à bord l’ambiance est électrique, nous attendons tous, la rencontre avec les Globicéphales. En poste, nos observateurs sont à l’affût. Les minutes passent puis un signe, de l’écume et des oiseaux en chasse sur tribord ! Jumelles en main, les imposantes dorsales effleurent la surface, les Globis ! Nous prenons le cap, à priori en chasse, nous progressons à pas de loup pour ne pas les déranger mais les Globis sont curieux, quel est ce navire, que font-ils ? Rapidement, les Globis nous rejoignent. D’abord sur nos pointes avant, ils font le tour du navire, tous alignés flottant à la surface, ils nous scannent. C’est une étape importante, pendant laquelle les Globis nous inspectent, ils évaluent à quel bateau ils ont à faire. Puis ils repassent à l’avant entre nos coques. Nous savons que ça y est ils nous acceptent. Un énorme mâle se dresse à la verticale juste devant notre proue. Il hisse sa tête au dessus de la surface jusqu’à ses pectorales pour observer cette fois-ci nos passagers. Quel instant incroyable… croiser le regard de ce grand mâle, venu spécialement jusqu’à nous, juste par curiosité et pour faire connaissance avec notre navire…Nous sommes sans mots. Et après être apparût tel un sous_marins, il disparaît lentement, toujours à la verticale sous la surface. Le groupe est maintenant à l’avant, au ralenti, ils nous attendent. Nous les suivons et nous nous retrouvons rapidement entourés de Globicéphales. La plupart des groupes sont en chasse ou en route. Nous ne savons où donner de la tête 😉 Nous passons plus d’une heure et demie en leur compagnie, oscillant entre les différents groupes et toujours émerveillés par ces rencontres.
Il est plus de 13 heure et tellement occupés par nos observations, nous n’avons toujours rien mangé. C’est dans le bonne humeur générale et avec le sourire sur toutes les lèvres que nous servons nos plateaux de produits locaux. Pour notre équipe d’observateur, c’est l’heure de la pause bien méritée…Mais qui dit pause déjeuner ne dit pas absence de veille ! C’est donc la fourchette en main, qu’une nouvelle alerte est donnée…droit devant cette fois-ci, un groupe de Globis au repos ! C’est ce que nos observateurs attendaient…lorsque les Globis sont au repos et que nous savons les approcher, le meilleur est à venir ! Petit à petit, les Globis nous encerclent, ils se dirigent à l’arrière, certainement par précaution, pour mieux inspecter notre navire. Mètre par mètre, le groupe d’une vingtaine d’individus réduit la distance. En ligne, ils se rapprochent de nous. Patient nous attendons, appareil photo en main, que les globis viennent nous observer. A moins de 5 mètres de nos coques, le groupe se divise, une partie des Globis se rapprochent sur bâbord. Ils flottent à la surface, tous en ligne et puis, le plus curieux d’entre eux se hisse à la verticale, tête hors de l’eau, il tourne sur lui-même…de quoi inspecter tous nos passagers ! Nous sommes sous le charme. Et comme si cela ne suffisait pas, un autre Globi se dresse, sur le flanc, il nous regarde ! Quelle interaction incroyable !!! Peu à peu tout le groupe se dirige entre nos coques. Ils sont grandioses ! A portée de main, ils dansent lentement sous la surface…Whaou, nous sommes estomaqués, ils sont juste magnifiques. Les Globis nous offrent des instants de partage, hors du temps ! Et ce n’est pas tout… nous décidons de diffuser un morceau de musique. La magie opère et les Globis restent pendant plus d’une heure à virevolter entre nos coques. Une mère vient nous présenter son nouveau-né. A en croire, les stries de la naissance qu’il porte encore, ce petit n’a que quelques jours ou tout au plus quelques semaines. Et pourtant il est là, au côté de sa mère, à nager fièrement, comme les adultes, du haut de sa petite taille, entre nos 2 coques. Quelle émotion…une fois de plus, il n’y a pas de mot, il faut le vivre pour le comprendre…
Quel privilège de côtoyer ces êtres sensibles et intelligents, sans omettre le plus beau dans ces rencontres : ce sont eux qui décident de partager ces moments avec notre navire, de venir à notre rencontre pour nous observer et pour nous offrir des instants uniques que nous ne sommes pas prêts d’oublier 😉
Pas la peine de vous préciser que le retour fut synonyme d’échange, de partage et d’émotions ! Encore merci à tous d’avoir partagés cette journée avec notre équipe !!!